Anne Hébert. Lettre du 15 avril 1982. Page 1 de 2. |
Anne Hébert. Lettre du 15 avril 1982. Page 2 de 2. |
Les Fous de Bassan. Éditions du Seuil, sept. 1982 |
Je vous présente aujourd'hui une deuxième lettre, inédite, de la grande écrivaine canadienne Anne Hébert (1916-2000). Dans cette lettre, écrite de Menton (Alpes-Maritimes), Mme Hébert annonce à son frère et confident, Pierre Hébert, que son nouveau roman, qui sera publié à l'automne, s'appellera "Les Fous de Bassan". L'écrivaine confie: "... je ne suis pas encore séparée de mes personnages et de leur histoire sauvage". On découvre aussi dans cette lettre la tristesse d'Anne Hébert quand elle pense à la mort de son père et à la vieillesse prochaine. L'écrivaine a aussi la nostalgie des étés de son enfance et elle est triste en pensant à son chat disparu. Une lettre importante. Note: pour voir la lettre en grosseur maximale: clic droit avec votre souris pour "ouvrir le lien", puis clic gauche pour grossir avec la loupe; revenir avec votre bouton "retour de page".
Voici la transcription de cette lettre. Je n'omets ici qu'un seul paragraphe, un aparté qui touche la vie du destinataire. Les caractères gras sont de ma main. Donc:
Menton, le 15 avril 1982
Mon cher Pierre,
Me voici à Menton pour les vacances de Pâques. Ça manque terriblement de soleil sur la côte d'Azur! Temps couvert. Mais pas de pluie. Longues promenades au bord de la mer agitée et très belle.
Mon roman est terminé et exceptionnellement bien accueilli par mes éditeurs. Il paraîtra à l'automne. Mais je ne suis pas encore séparée de mes personnages et de leur histoire sauvage. J'y pense encore très souvent. Impossible pour l'instant de songer à écrire autre chose. Cela s'appelle Les Fous de Bassan. J'espère tellement que cela va t'intéresser et te plaire.
Le jour de Pâques cette année nous rappelle un bien triste anniversaire. Déjà 22 ans que Papa nous a quittés. Le temps passe si vite et bientôt nous serons vraiment vieux. Il est vrai qu'étant le bébé de la famille pour moi tu es toujours jeune.
(...)
J'ai bien hâte de voir ta nouvelle cuisine à Ste-Catherine. Deux éviers en innox. C'est une grande amélioration. Ton ancien évier était vraiment petit et bas sur pattes. Et les ronds de la cusinière marchent-ils tous afin de faciliter la tâche du cuisinier? J'aurai certainement le temps de faire de la compote et de la confiture si cela t'intéresse, car je compte passer l'été au Canada. Un bon mois à Saint-Joseph-de-la-Rive. Pour le reste je ne suis pas encore décidée. Mais j'ai la nostalgie des étés entiers passés à la campagne dans mon enfance et ma jeunesse.
Et à Québec? As-tu terminé ton installation? Je retourne à Paris le 21 avril, après deux semaines à Menton. Cela va être triste de rentrer chez moi sans Minou qui m'attend derrière la porte pour me faire fête.
Je t'embrasse bien affectueusement.
Anne
Je termine cet article avec deux photos. La première montre la couverture d'un livre écrit par le père d'Anne Hébert, M. Maurice Hébert. Le titre: "Et d'un Livre à l'Autre" (Montréal, 1932, Éditions Albert Lévesque). Ce sont des "Nouveaux essais de critique littéraire canadienne".
La seconde photo montre une ancienne photographie de monsieur Hébert et la dédicace qu'il a écrite dans son livre à l'occasion de l'anniversaire de sa femme Marguerite. On lit : "Bonne fête Marguerite, de la part de tes enfants et de ton vieux mari. Maurice. Le 21 février 1933."
Couverture du livre de Maurice Hébert, "Et d'un Livre à l'Autre" (1932) |
Photo de Maurice Hébert. Dédicace pour sa femme Marguerite sur une page de garde de "Et d'un Livre à l'Autre" (1932) |
Si vous possédez des lettres d'Anne Hébert, écrivez-moi un mot si vous envisagez de les vendre. On peut me joindre par courriel à cette adresse: pierrebouillon1@gmail.com
Je vous souhaite, cher lecteur, une belle journée.