vendredi 21 décembre 2012
Heureuses Fêtes!
Chers lecteurs, je vous souhaite d'Heureuses Fêtes! Profitez bien de ces jours de festivités pour faire bonne chère, pour boire du bon vin, et pour saluer les bons moments de la vie, en famille ou entre amis!
lundi 12 novembre 2012
" Être marqué à l'A." Belle expression. Oubliée?
Un denier tournois (1587) appartenant à M. Michel Brisebois. Photo: MB. |
Au fil de mes lectures je suis tombé sur cette belle expression: "Être marqué à l'A." Je ne l'entends jamais mais je la trouve parfois, sous la lettre A, dans quelques uns de mes vieux dictionnaires. Voici l'explication que donne le Dictionnaire de Richelet, dans une édition de 1728: " Être marqué à l'A; sorte de proverbe pour dire, être homme de bien & d'honneur, être homme de mérite et de probité. Ce Proverbe est tiré des Monnoyes de France qui sont marquées selon l'ordre de l'Alphabet, & dont celles qui sont de meilleur aloi, sont marquées à l'A. Toutes les Monnoyes qui se battent à Paris, ont un A pour les distinguer des autres lieux où l'on les bat." Voici deux photos qui montrent le texte du dictionnaire; l'explication débute à l'avant dernière ligne de la première photo et se prolonge à la deuxième photo.
"Être marqué à l'A..." 1 de 2 . Dict. de Richelet (1728) |
"Être marqué à l'A..." 2 de 2. Dict. de Richelet (1728) |
Voyez la photo qui coiffe cet article ou encore ici même (je la publie deux fois pour ne pas vous obliger à revenir en haut de l'article):
Un denier tournois (1587) appartenant à M. Michel Brisebois. Photo: MB. |
On y voit une vieille pièce de monnaie, frappée en 1587, sous le règne de Henri III. C'est un "denier tournois". Et que voit-on au centre de la pièce de monnaie, sous les deux fleurs de lys? Un beau A qui confirme que cette pièce a été battue à Paris. Comme les gens de l'époque avaient confiance au bon aloi, au bon titre si l'on veut, des monnaies frappées à Paris, un homme "marqué à l'A" est un homme de bien, d'honneur, de mérite, de probité... Je n'ai jamais entendu cette expression au Québec. Peut-on me dire si elle est toujours en usage en France, en Belgique ou en Suisse?
Anciennement, on l'a vu, on frappait des pièces de monnaie dans plusieurs villes de France; chacune de ces villes marquait sa monnaie d'un signe distinctif. Voici les marques de ces villes, trente!, que je trouve dans le Dictionnaire de Trévoux ( tome 6 de l'édition de 1771). On les énumère, villes et marques, dans la première photo. La seconde photo est là parce que je veux toujours laisser au lecteur les fins de phrases des articles pertinents.
Monnoie... Dict. de Trévoux (1771, tome 6). 1 de 2. |
Monnoie... Dict. de Trévoux (1771, tome 6). 2 de 2. |
Même si elle est peut-être redondante, je vous laisse aussi l'explication que donne Émile Littré pour "marqué à l'A". Je tombe volontairement dans ce petit défaut de certaines gens qui nous expliquent deux fois ce qu'on avait déjà compris! Il faut bien que je montre que j'ai fait une bonne recherche. La définition est au centre de la photo.
"Il est marqué à l'A..." Dictionnaire de Littré (1863, tome 1). |
Je remercie M. Michel Brisebois qui a eu la gentillesse de partager avec nous ce vieux "denier tournois" de 1587 qui est la clé de voûte de cet article. M. Brisebois, que je connais bien, est un homme marqué à l'A!
lundi 24 septembre 2012
Lettre d'Anne Hébert. 15 avril 1982. Elle annonce que son nouveau roman s'appellera "Les Fous de Bassan". Aussi, tristesse et nostalgie dans cette importante lettre inédite.
Anne Hébert. Lettre du 15 avril 1982. Page 1 de 2. |
Anne Hébert. Lettre du 15 avril 1982. Page 2 de 2. |
Les Fous de Bassan. Éditions du Seuil, sept. 1982 |
Je vous présente aujourd'hui une deuxième lettre, inédite, de la grande écrivaine canadienne Anne Hébert (1916-2000). Dans cette lettre, écrite de Menton (Alpes-Maritimes), Mme Hébert annonce à son frère et confident, Pierre Hébert, que son nouveau roman, qui sera publié à l'automne, s'appellera "Les Fous de Bassan". L'écrivaine confie: "... je ne suis pas encore séparée de mes personnages et de leur histoire sauvage". On découvre aussi dans cette lettre la tristesse d'Anne Hébert quand elle pense à la mort de son père et à la vieillesse prochaine. L'écrivaine a aussi la nostalgie des étés de son enfance et elle est triste en pensant à son chat disparu. Une lettre importante. Note: pour voir la lettre en grosseur maximale: clic droit avec votre souris pour "ouvrir le lien", puis clic gauche pour grossir avec la loupe; revenir avec votre bouton "retour de page".
Voici la transcription de cette lettre. Je n'omets ici qu'un seul paragraphe, un aparté qui touche la vie du destinataire. Les caractères gras sont de ma main. Donc:
Menton, le 15 avril 1982
Mon cher Pierre,
Me voici à Menton pour les vacances de Pâques. Ça manque terriblement de soleil sur la côte d'Azur! Temps couvert. Mais pas de pluie. Longues promenades au bord de la mer agitée et très belle.
Mon roman est terminé et exceptionnellement bien accueilli par mes éditeurs. Il paraîtra à l'automne. Mais je ne suis pas encore séparée de mes personnages et de leur histoire sauvage. J'y pense encore très souvent. Impossible pour l'instant de songer à écrire autre chose. Cela s'appelle Les Fous de Bassan. J'espère tellement que cela va t'intéresser et te plaire.
Le jour de Pâques cette année nous rappelle un bien triste anniversaire. Déjà 22 ans que Papa nous a quittés. Le temps passe si vite et bientôt nous serons vraiment vieux. Il est vrai qu'étant le bébé de la famille pour moi tu es toujours jeune.
(...)
J'ai bien hâte de voir ta nouvelle cuisine à Ste-Catherine. Deux éviers en innox. C'est une grande amélioration. Ton ancien évier était vraiment petit et bas sur pattes. Et les ronds de la cusinière marchent-ils tous afin de faciliter la tâche du cuisinier? J'aurai certainement le temps de faire de la compote et de la confiture si cela t'intéresse, car je compte passer l'été au Canada. Un bon mois à Saint-Joseph-de-la-Rive. Pour le reste je ne suis pas encore décidée. Mais j'ai la nostalgie des étés entiers passés à la campagne dans mon enfance et ma jeunesse.
Et à Québec? As-tu terminé ton installation? Je retourne à Paris le 21 avril, après deux semaines à Menton. Cela va être triste de rentrer chez moi sans Minou qui m'attend derrière la porte pour me faire fête.
Je t'embrasse bien affectueusement.
Anne
Je termine cet article avec deux photos. La première montre la couverture d'un livre écrit par le père d'Anne Hébert, M. Maurice Hébert. Le titre: "Et d'un Livre à l'Autre" (Montréal, 1932, Éditions Albert Lévesque). Ce sont des "Nouveaux essais de critique littéraire canadienne".
La seconde photo montre une ancienne photographie de monsieur Hébert et la dédicace qu'il a écrite dans son livre à l'occasion de l'anniversaire de sa femme Marguerite. On lit : "Bonne fête Marguerite, de la part de tes enfants et de ton vieux mari. Maurice. Le 21 février 1933."
Couverture du livre de Maurice Hébert, "Et d'un Livre à l'Autre" (1932) |
Photo de Maurice Hébert. Dédicace pour sa femme Marguerite sur une page de garde de "Et d'un Livre à l'Autre" (1932) |
Si vous possédez des lettres d'Anne Hébert, écrivez-moi un mot si vous envisagez de les vendre. On peut me joindre par courriel à cette adresse: pierrebouillon1@gmail.com
Je vous souhaite, cher lecteur, une belle journée.
vendredi 21 septembre 2012
Lettre d'Anne Hébert . 29 novembre 1970. ...la saison des Prix littéraires...la Crise d'Octobre...y-a-t-il de la neige à Québec?...Paris...
Anne Hébert. Lettre du 29 novembre 1970 (recto). |
Anne Hébert. Lettre du 29 novembre 1970 (verso). |
Je vous présente aujourd'hui une lettre manuscrite de la grande écrivaine Anne Hébert (née en 1916 à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier, morte à Montréal en l'an 2000). Dans cette lettre, écrite à Paris le 29 novembre 1970, l'écrivaine se confie à son frère et confident Pierre Hébert. Note: pour voir la lettre en très gros plan: clic droit de votre souris pour "ouvrir l'onglet", puis clic gauche pour grossir avec la loupe. Cliquer sur votre bouton "retour" pour revenir à l'article.
Voici le contexte: en France, lors de la saison des Prix littéraires, le chef d'oeuvre de Mme Hébert, "Kamouraska" (Le Seuil) a raté par une voix le prix Théophraste-Renaudot, accordé au septième tour, par quatre voix contre trois, à "Isabelle ou l'arrière-saison" (La Table Ronde) de Jean Freustié; au Québec, on vit encore les heures noires de la Crise d'Octobre. Pour mémoire, cette grave crise politique a ébranlé le Québec et le Canada au mois d'octobre 1970. Elle débute à Montréal le 5 octobre 1970 lorsque des terroristes du Front de Libération du Québec (FLQ) enlèvent l'attaché commercial britannique James Cross. Le 10 octobre, une autre cellule du FLQ enlève Pierre Laporte, ministre du travail et de l'immigration. Le 16 octobre, répondant à une demande du gouvernement du Québec, le gouvernement canadien proclame la Loi des mesures de Guerre qui bannit le FLQ et suspend les libertés civiles. Le 17 octobre, on trouve dans un coffre de voiture le cadavre de M. Pierre Laporte, mort aux mains de ses geôliers. Au début du mois de décembre, les felquistes qui détiennent James Cross sont repérés et le libèrent en échange d'un sauf-conduit vers Cuba. Quatre semaines plus tard les felquistes qui avaient enlevé Pierre Laporte sont arrêtés puis condamnés. (Source: "The Canadian Encyclopedia, 1988, tome 3, page 1558).
C'est dans ce climat qu'Anne Hébert écrit, de Paris, le 29 novembre 1970, à son frère Pierre qui demeure à Québec. Voici la transcription intégrale de la lettre (c'est moi qui met les caractères gras et certains alinéas):
Paris, le 29 novembre 1970
Mon cher Pierre,
Je ne crois pas pouvoir aller à Québec au moment de Noël, comme je te le disais dans ma dernière lettre. "La saison des prix" m'a pas mal fatiguée et puis la tension politique que je devine au Canada m'effraye un peu, et puis tout ce froid de l'hiver en perspective... Je crois qu'il serait préférable que j'y aille au printemps. À ce moment-là il sera plus facile d'aller à Ste-Catherine. J'ai hâte de voir tes dernières transformations et de connaître enfin Dupont et Dupond. Si tu es toujours d'accord nous pourrions alors choisir ensemble des nouveaux rideaux.
J'espère que tu te portes toujours bien et que ton retour à chasse et pêcheries s'est bien passé? Y a-t-il de la neige à Québec? Continues-tu toujours d'aller à Ste-Catherine?
Ici la température est toujours très belle, chaude et ensoleillée. Un mois de novembre extraordinaire. Lorsque je me promène dans le quartier, St-Germain, St-Michel, St-Séverin, la Huchette, les quais, surtout rue Git-le-Coeur je voudrais tant que tu sois là. Nous pourrions aller dîner au petit Maxime. La serveuse me demande toujours de tes nouvelles.
Écris-moi bien vite. Je t'embrasse. Anne
Je joins à cet article, pour le compléter, deux photos qui montrent l'enveloppe de la lettre:
Je vous souhaite, cher lecteur, une belle journée.
jeudi 20 septembre 2012
Rare "seconde édition" du Dictionnaire de l'Académie française (1696).
Dictionnaire de l'Académie française ("seconde édition" de 1696). Page de titre du tome premier. |
Cette "seconde édition" de 1696 suit la première édition du Dictionnaire de l'Académie, parue en 1694. On doit cette édition de 1696 à Marc Huguetan, citoyen d'Amsterdam, qui aurait agi comme prête-nom pour les Coignard, éditeurs officiels du Dictionnaire de l'Académie de 1694. Ils auraient, par cette "réimpression spéciale, assuré leurs droits contre les contrefacteurs hollandais" (source: Félix Courtat, dans sa "Monographie du Dictionnaire de l'Académie française", Paris, 1880, chez Henri Delaroque). Courtat parle ici d'une édition de 1695 que je n'ai jamais vue mais ses explications rejoignent pour le principal celles qu'on trouve dans l'article de la Bibliothèque des Chartes où on dit également que Huguetan agissait de connivence avec les Coignard.
Mon exemplaire est un in-folio qui réunit les deux tomes du Dictionnaire de l'Académie. Le volume a une humble reliure cartonnée, sans doute en attente d'une reliure de qualité. Les pages sont à l'état brut, non-rognées. Voici quelques photos. Note: les photos sont en haute résolution; cliquez avec le bouton droit de votre souris pour "ouvrir le lien", puis cliquez, avec le bouton gauche de votre souris, sur la loupe (le +). Les pages prendront vie! Cliquez sur votre bouton "retour" pour revenir à l'article.
Je complète cette présentation avec la première page de l'épître "Au Roy..." pour en montrer la gravure, par la page du Privilège hollandais, et par la première page des A. Donc:
Je termine cet article en mettant, côte à côte, les gravures des pages de titre du premier tome des éditions de 1694 et de la "seconde édition" de 1696. La gravure de l'édition de 1694 est photographiée avec ma montre de poche.
Gravure de la page de titre de la première édition du Dictionnaire de l'Académie française (1694) |
Gravure de la page de titre de la "seconde édition" du Dictionnaire de l'Académie française (1696) |
La véritable seconde édition du Dictionnaire de l'Académie française est parue en 1718. Cela dit, la "seconde édition" de 1696 que je viens de vous présenter sommairement m'est très chère; elle est importante dans l'histoire du Dictionnaire de l'Académie parce qu'elle est du même sang, si je puis dire, que la première édition de Paris, mais exilée aux Pays-Bas.
Ce dictionnaire de 1696, que je viens de vous présenter, est complété par "Le grand dictionnaire des Arts et des Sciences", paru la même année, chez le même éditeur. J'y reviendrai quand je présenterai la véritable première édition du "Dictionnaire des Arts et des Sciences", parue en 1694.
(*) : Lien URL qui mène à cet article, fort intéressant: http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1888_num_49_1_462593
dimanche 1 janvier 2012
Bonne année 2012!
Je vous souhaite pour 2012 la santé et tout le bonheur possible! Accueillons le nouvel an avec confiance et il nous le rendra bien.
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