vendredi 19 février 2010

Mot oublié. OUBLIANCE.

Ce mot, "oubliance", mérite qu'on le tire de l'oubli, ne serait-ce que pour décrire le défaut de mémoire dont souffrent les victimes de la maladie d'Alzheimer. L'oubliance, c'est plus qu'un simple oubli, c'est une "disposition à oublier". Voici la définition que donne Émile Littré, au mot "oubliance", dans son Dictionnaire ( 1883, tome troisième ) :


Le dictionnaire de Trévoux, dans son édition de 1771, fait sentir la différence entre un simple oubli et l'oubliance. Alors qu'un oubli, c'est un "manque de souvenir", l'oubliance c'est cela, mais plus encore; c'est un "manque de mémoire". Ou, si on me permet une image, imparfaite : le "manque de souvenir" c'est une photo qu'on a oubliée dans ses cartons, alors que le "manque de mémoire" c'est une photo qui ne se fixe plus sur le film de la caméra, ou encore qui est vraiment perdue.  Voyez, pour le mot "oubli", le bas de la première photo, et pour le mot "oubliance", voyez la fin de la seconde photo :



Le Littré et le Trévoux nous montrent donc que l'oubliance c'est un défaut de mémoire qui nous porte à oublier. L'Académie française, dans la première édition de son Dictionnaire ( 1694 ) dit que l'oubliance, c'est une "faute de mémoire" . Elle écrit aussi, au mot "oublieux", adjectif qui signifie "sujet à oublier facilement", que "les vieillards sont ordinairement oublieux". On ne s'étonne pas ici : les vieillards sont ordinairement oublieux parce que l'usure de l'âge ou la maladie les font tomber dans l'oubliance.



J'arrête ici cet article. J'espère que le mot "oubliance", qu'on disait "vieilli" il y a quelques siècles, trouvera de nouveau sa place dans les livres ou dans les conversations. C'est un mot qui peut être utile; je ne lui connais pas d'équivalent et, au surplus, il sonne bien : oubliance...
Après plusieurs jours d'un silence que mes obligations m'ont imposé, je suis heureux de vous retrouver, cher lecteur. Je ne vous avais pas oublié.