'' Au saillir de mon enfance...'' ( Philippe de Comines )
Philippe de Comines ( 1447-1511 ), est un chroniqueur français auteur de Mémoires sur les règnes de Louis XI et de Charles VIII . Je parle, dans l'article plus bas, de la belle édition in-folio de ses Mémoires, publiée en 1649. La photo que vous voyez ici montre, dans ce livre ancien, un plan rapproché de la première page du Chapitre Premier du premier Livre des Mémoires de Comines. Il y a huit Livres dans les Mémoires de Comines. L'auteur commence ainsi : '' Au saillir de mon enfance, et en l'aage de pouvoir monter à cheval, je fu amené à l'Isle, devers le Duc Charles de Bourgogne, (...) '' .
On le devine aisément, quand Philippe de Comines écrit " Au saillir de mon enfance... '' il faut entendre aujourd'hui '' Au sortir de mon enfance...'' . Mais il a fallu que j'ouvre plusieurs de mes anciens dictionnaires avant d'en obtenir la confirmation. Je l'ai finalement trouvée dans le dictionnaire de Pierre Richelet ( édition de 1728 ). Voyez la photo, à peu près au centre. Il y est écrit : * Saillir, v.n. ( eminere, exire. ) Ce verbe pour dire sortir n'est plus en usage ( Voir note au bas de cet article sur le signe * ) . Comme toujours, il faut cliquer sur les photos pour les voir en pleine page. Cliquez ensuite sur votre '' retour de page '' pour revenir sur le blogue.
Ce verbe, saillir, est assez curieux; selon le sens qu'on lui donne, sa conjugaison change. Voyez ce qu'en dit le Dictionnaire de l'Académie française dans sa septième édition ( 1878 ) :
Mais comment conjuger le mot '' saillir '' dans l'acception choisie par Philippe de Comines ? Je suppose qu'il faudrait s'en tenir à la première conjugaison ( Je saillis, tu saillis, il saillit...) parce que le renommé chroniqueur '' sortait avec impétuosité '' de son enfance. Je termine en vous laissant la photo de la pleine page d'où je tirais le gros plan qui est au début de cet article. Remarquez, de nouveau, la charmante lettrine au début du texte, et voyez la belle gravure qui coiffe la page :
Merci cher lecteur de m'avoir suivi jusqu'ici. Au saillir de cet article, je veux vous dire que le prochain sujet que j'aborderai sera plus léger, ou plus libre. Mais je ne parlerai pas de cavales ''saillies'' par de beaux étalons...
Note sur la définition de '' saillir '' dans le Richelet . Vous remarquez ce signe : * près de la définition. Voici ce qu'en dit le dictionnaire, au début de son premier tome, dans ''Explication des marques qu'on a mises aux mots, & des accens dont on les a marquez'' ( sic ) :
'' L'étoile * qu'on met à côté d'un mot ou d'une phrase, montre que le mot ou la phrase sont au figuré, au lieu qu'il faut les prendre au sens propre, quand il n'y a point de marque. ''
Qu'on me permette d'ajouter que le mot '' étoile '' pour désigner le signe * est plus charmant que le mot ''astérisque'' qui vient du grec ( asteriskos ; '' petite étoile '' ) et que l'usage a retenu.